Elle s'exprime en couleurs éclatantes, qu'il s'agisse de Tunisiens d'adoption, ou des peintres de l'Ecole de Tunis. Les peintres de l'école coloniale comme Alexandre Fichet, Gaston Louis Lemonnier ou Georges Le Mare lient leur nom au patrimoine du pays en décorant le théâtre municipal de Tunis ou la cathédrale. Parmi les fondateurs de l'Ecole de Tunis, Moses Lévy, né à Tunis de père britannique et de mère italienne, partagera sa vie entre la Tunisie et l'Italie. Pierre Boucherle sera caricaturiste à Paris. On peut également citer Hatim Elmekki, né à Djakarta de père tunisien et de mère indonésienne, Aly Ben Salem, qui vécut une partie de sa vie en Suède, pays de son épouse. Plus récemment : Yahia Turki, Ammar Farhat, Abdelaziz Gorgi, et les contemporains Belkhodja, Becheikh, Sehili et Bettaïeb.
La littérature
Comme la majorité des écrivains arabes, les écrivains tunisiens ont choisi la poésie comme moyen d'expression privilégié. Leurs oeuvres, rarement traduites de l'arabe, restent cependant confidentielles en Europe. Abou Kacem Chabbi (1904-1934), auteur des Chants de la nuit, est considéré comme le père de la poésie contemporaine. Parmi les grands auteurs dont la renommée a largement franchi les frontières de l'Europe, le plus connu est sans nul doute saint Augustin, dont les Confessions datent de 397, mais aussi le grand historien médiéval Ibn Khaldoum, né à Tunis en 1332. Paradoxalement, c'est l'oeuvre d'Albert Memmi, un écrivain de langue française né à Tunis d'un père juif et d'une mère berbère, qui est la plus représentative de la littérature tunisienne en Europe. Il raconte dans La statue de sel son enfance difficile dans un ghetto juif de Tunis. A lire aussi, du même auteur, Portrait du colonisé, le Scorpion, Portrait d'un juif, etc. Deux auteurs contemporains, le poète français Claude Roy et Paul Sebag, qui était professeur au lycée Carnot de Tunis, ont rassemblé dans Tunisie de vieilles sentences, charades et énigmes, perpétuées depuis toujours par les conteurs des villages.
L'école, clé de la réussite
L'enseignement est obligatoire de 6 à 16 ans. Comme en France, le baccalauréat concrétise la fin des études secondaires. Les candidats ont le choix entre cinq sections différentes (arts, sciences, économie-management, mathématiques ou sciences et techniques). Le jour des résultats est un grand moment dans la vie des lycéens et lycéennes, et il y a foule aux alentours des établissements scolaires. Les familles sont très fières des succès de leurs rejetons et publient volontiers une petite annonce dans les journaux, accompagnée d'une photographie, pour féliciter publiquement le - ou la - lauréate.
La place du cinéma
Avec Les Silences du palais, de Moufida Tlatli, L'Homme de cendres, de Nouri Bouzid, Halfaouine, l'enfant des terrasses, et, plus récemment, Un été à La Goulette, de Férid Boughedir, le cinéma tunisien a reçu ses lettres de noblesse d'un public international. D'autant que de nombreux réalisateurs avaient contribué à vanter la beauté des sites naturels et le professionnalisme de ses techniciens locaux... Le cinéma est devenu un pivot économique important. Outre les figurants recrutés ponctuellement, les tournages procurent un nombre croissant d'emplois de machinistes, décorateurs et techniciens. Georges Lucas y a tourné La Guerre des étoiles, Steven Spielberg Les Aventuriers de l'arche perdue, Franco Zeffirelli Jésus de Nazareth, Roberto Rossellini Le Messie, Roman Polanski Pirates et Frédéric Mitterrand Madame Butterfly. Anthony Minghella, quant à lui, y a situé une partie des scènes du Patient anglais (neuf oscars à Hollywood en 1997) : au palais de la Mannouba, dans les médinas de Tunis et de Sfax, la ville de Madhia (où sont réalisées les images de l'invasion allemande de Tobrouk) et le désert de Tozeur.