Pendant trois siècles, les grands maîtres de l'Ordre encouragèrent les meilleurs peintres italiens à rejoindre Malte, du Caravage à Mattia Preti et de Filippo Paladini à Pietro Novelli. Jusqu'au début du XXe siècle, l'art religieux triompha, tout en abandonnant, petit à petit, les préceptes du baroque. Depuis quelques dizaines d'années, une nouvelle génération d'artistes maltais s'intéresse aux paysages et à la vie quotidienne. Peintres ou sculpteurs contemporains sont volontiers contestataires, voire iconoclastes, tels Raphael Vella, Vince Briffa, Mark Mangion, Madeleine Gera, Mario Galea ou Luciano Micallef.
L'architecture
Les temples préhistoriques à plan tréflé sont les premiers et brillants témoins de l'architecture maltaise. Jusqu'à la fin du XVIe siècle, l'île, hantée par les risques d'invasion, choisit de bâtir solide et austère. Avec le danger éloigné et l'enrichissement généralisé, l'architecture maltaise explose. Le XVIIe siècle allège les fermes, affine les palais, agrandit les églises. Le XVIIIe siècle sacre le triomphe du baroque. Le XIXe siècle, lui, sera britannique, avec un style colonial et de longues rues pavillonnaires. Au début du XXe siècle, les Maltais optent, le plus souvent, pour une architecture néobaroque. De nos jours, l'augmentation de la surface bâtie apparaît considérable. Elle va de pair avec une construction plus anarchique. Heureusement, la fidélité à la pierre locale assure à l'archipel une relative unité de couleur.
La littérature
L'arabe, l'espagnol, l'italien, le français, l'anglais ont longtemps véhiculé la pensée et l'expression de l'archipel, même si, au XIXe siècle, des écrivains comme L. Rosato ou T. Zammit défendirent, bec et ongles, leur identité linguistique. Il fallut attendre 1934 pour que l'île possède son propre idiome : le maltais. A la même époque fut adopté un alphabet phonétique et étymologique. Les écrivains maltais purent enfin s'exprimer dans une langue qui leur était propre. Cette jeune littérature a déjà ses grand noms : les dramaturges E. Serracino Inglot et C. Diacono, les poètes D. Karm, O. Friggibri et D. Massa. Un auteur comme F. Ebejer, dont les pièces sont régulièrement jouées à La Valette, bénéficie de la reconnaissance internationale. On retiendra encore G. Cassar Pullicino, dont les travaux sur les coutumes, traditions et légendes maltaises font autorité. Et G. Aquilina, auteur d'ouvrages de référence consacrés à la langue insulaire.
So british...
Un siècle trois quarts de présence britannique a profondément marqué l'archipel, et pas seulement par quelques façades plus victoriennes que nature. L'anglais est la seconde langue officielle du pays, le polo bénéficie de tout le respect qu'il mérite et la presse est bilingue. Les cabines téléphoniques sont rouges, le tea five o'clock a force de loi, les écoliers portent volontiers le blazer et la cravate rayée. Dès 1888, sir Henry Torrens, le gouverneur de l'île, y introduisit le golf, et on joue au badminton à La Valette comme à la pétanque à Marseille. Quant à la conduite automobile, elle se pratique à gauche, même si nombre de Maltais préfèrent visiblement rouler au beau milieu de la chaussée.
Le cinéma
C'est à Malte qu'a été tourné Gladiator, de Ridley Scott (1998-1999). A cette occasion, plus de 200 artisans maltais ont recréé l'univers de l'Empire romain en décor naturel. Au cinéma, Malte n'est plus une débutante. En 1967, John Huston y situa Casino Royal, une des plus turbulentes aventures de James Bond, et, en 1980, Robert Altman y filma Robin Williams sous les traits de Popeye. De nombreux autres films portent l'estampille maltaise : Sinbad le marin de R. Wallace (1947), Midnight Express de A. Parker (1977), Monte-Cristo (1998), tourné pour la télévision, avec Gérard Depardieu dans le rôle titre. Plus anciens, La Maison du Maltais de P. Chenal (1938) et Le Faucon maltais de John Huston (1941), avec Humphrey Bogart, occupent une place de choix dans le coeur des cinéphiles. Et plus récemment : Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2000). Bref, Malte a su se positionner avec efficacité sur le marché mondial de l'industrie cinématographique. Cependant sa propre production se révèle assez décevante, en raison d'une demande intérieure très faible.
Hollywood maltais
La société maltaise Mediterranean Film Studios (MFS) dispose, sur la côte ouest, d'un immense bassin permettant de tourner des séquences marines et sous-marines spectaculaires. Ce site unique au monde offre les possibilités de trucage les plus sophistiquées et est régulièrement utilisé par des réalisateurs du monde entier. Il faut dire que la MSF répond à tous leurs besoins : décors, costumes, éclairages, etc. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, la société vient d'ouvrir un parc d'attractions, le Rinella Movie Park. Ses visiteurs y découvrent les décors des oeuvres majeures tournées sur l'île. Avec 1 000 animations à la clé.
La musique et le chant
Même si Malte possède quelques compositeurs de talent, comme Nicolo Isouard ou Charles Camilleri, la musique n'est pas le fort de l'archipel. Son folklore musical, dansé et chanté, est souvent fabriqué de toutes pièces. Il emprunte surtout son inspiration aux répertoires italien et anglais. La population, elle, adore chanter, comme partout en Méditerranée, et elle participe volontiers à des concours de bel canto impromptus, à l'occasion des nombreuses fêtes qui ponctuent l'année maltaise.