Ce Tunisien étudia plusieurs années à l'université Qarayouine, à Fès. Il est l'un des plus grands historiens et penseurs musulmans. A 23 ans, il devient secrétaire du sultan de Fès. Un poste qui lui vaut bien des déboires, puisque, suspecté d'avoir participé à une révolte de palais, il fait deux ans de prison. Il reprend ses voyages, revient à Fès avant de se retirer dans un village d'Algérie. C'est là qu'il écrit son ouvrage le plus célèbre, la Muqaddima, une « chronique universelle » considérée encore aujourd'hui comme un monument des sciences humaines.
Le général Lyautey (1854-1935)
Il ne passa que 13 ans de sa vie au Maroc, mais marqua durablement l'histoire moderne du pays. Il fut, en 1912, le premier résident général nommé après l'instauration du protectorat. Totalement opposé à la politique conduite dans l'Algérie voisine, il souhaite que le développement économique profite aux Marocains et travaille en étroite collaboration avec le sultan et les élites locales. Réorganisant les structures politiques, sociales et administratives, il favorise la construction d'hôpitaux et d'écoles. Cette politique est, à ses yeux, la seule qui puisse garantir la stabilité et donc le maintien sans heurt du protectorat. Démissionnaire en 1925, il est enterré à Rabat en 1935.
Abdelkrim, le héros du Rif (1882-1963)
Il fut le cauchemar des Espagnols et des Français, un des héros du nationalisme marocain. Rien ne prédestinait pourtant ce jeune homme, né dans une grande famille du Rif, à devenir un maquisard. Après des études à l'université Qarayouine de Fès, il est nommé Cadi (juge) en 1908 et envoyé dans l'enclave espagnole de Melilla. La gifle que lui inflige un colon espagnol scelle son destin : il sera celui qui chassera les occupants français et espagnols. A partir de 1920, à la tête d'une petite troupe de maquisards, il harcèle les troupes d'occupation dans le Rif. La Guerre du Rif vient de commencer. Dès 1921, les Rifains écrasent les Espagnols à Anoual. Le 1er février 1922, Abdelkrim proclame la République du Rif. Elle vivra cinq ans. Fait prisonnier par les Français en 1926, exilé à la Réunion, il s'en échappe en 1946 et se réfugie en Egypte. Nasser lui accordera des funérailles nationales.
Mohammed Choukri (1935-)
Cet écrivain aura largement participé à la reconnaissance internationale de la littérature du Maroc. Originaire du Rif, sa famille fuit la région, poussée par la pauvreté et la faim. Ce sera Tanger, puis Tétouan, puis Oran. L'écrivain retournera seul à Tanger. Il raconte son enfance puis son adolescence dans Le Pain nu, paru en 1952. Misère, humiliation et haine de son père défilent dans les pages de ce petit livre où il décrit également la chaleur apportée par les amis et le kif ainsi que le désir assouvi auprès de prostituées, omniprésentes.
Tahar Ben Jelloun (1944-)
Né à Fès, cet écrivain marocain de langue française, docteur en psychiatrie, devient célèbre en 1985 en publiant en France le roman L'Enfant de Sable. Il obtient ensuite le prix Goncourt en 1987 pour La Nuit sacrée, suite du précédent roman. Résidant à Paris, Tahar Ben Jelloun a vu son oeuvre traduite dans de nombreuses langues, faisant de lui un des plus importants ambassadeurs actuels de la culture marocaine.